29 sept. 2008

La claque

Joe Biden, colistier de Barack Obama, donne une leçon d'oralité :



Comment s'empêcher de penser que Biden aurait déjà mis 20 points à McCain à ce stade de l'élection ? Bon, en même temps, 8 points c'est déjà pas mal.

On notera au passage que l'émission dont est tiré l'extrait, "Countdown with Keith Olbermann", est tournée 20 minutes après la fin du débat entre les deux possibles commandeurs en chef. La quasi-intégralité y est décortiquée, dans un niveau de détail remarquable.

Enfin ça vaut pas "A vous de juger" quand même.

28 sept. 2008

Le forfait qui rend fou

Je passe en mode 60 millions de consommateurs. Jusqu’alors les critiques adressées aux opérateurs téléphoniques au sujet de l’opacité de leur offre commerciale me laissaient de marbre. Une posture certainement basée sur une once de compassion d’une part mais aussi sur un simple constat : la discrimination tarifaire (qui revient à identifier un segment de clientèle prêt à payer cher, et lui faire payer le prix fort en différenciant le produit) est présente jusque dans les rayons de supermarché, et elle est en outre une bonne chose.

Le 28 septembre 2008 marque la fin de cette étrange alchimie. J’ai récemment changé d’opérateur téléphonique pour assouvir un vil penchant geek remplacer mon portable capricieux et au passage choper un iPhone ;-). J’atterris donc chez Orange, non sans curiosité : je n’ai jamais eu de compte personnel chez « l’opérateur historique », ayant toujours choisi Bouygues Telecom et Free pour mes diverses connexions, choix dont je n’ai jamais eu qu’à me satisfaire.

Bref, en fier partisan de la dématérialisation, je commande la chose via internet. Bonne impression de départ, pas de procédure compliquée pour assurer la portabilité du numéro, c'est-à-dire le transfert de mon numéro d’un opérateur à l’autre. J’apprendrais par la suite que la chose est gérée par un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) : les opérateurs se sont regroupés pour déléguer cette mission à un seul acteur qui coordonne les procédures.

Choix du forfait aisé et rusé, me dis-je naïvement : je dédaigne les forfaits spéciaux iPhone - reniflant d’ailleurs la discrimination tarifaire - pour adopter le poétique « Origami Star » standard, qui, me semblait-il, offrait les mêmes possibilités en matière de connexion à internet.
A l’usage, il s’avère que je me suis bien fait enfler non. Rien à faire, pas moyen d’afficher le maigrissime google - sauf à utiliser l’iPhone en wifi, ce qui est bien gentil mais pas franchement utile dans le métro.

Me voilà donc sur les forums dédiés sur internet. Des dizaines de pages de questions et réponses de gens qui ont visiblement beaucoup plus d’énergie et de compétences que moi à y consacrer et qui s’interrogent sur le contenu d’un certain nombre de forfaits et des offres attenantes : et un constat qu’ils tiennent eux-mêmes : on ne sait pas. Les plus hardis s’aventurent en boutique : il y reçoivent, après une durée d’attente qui aurait paru tellement plus courte si seulement ils avaient pu en profiter pour consulter leurs mails, des réponses atterantes : les pauvres agents de boutique n’ont pas les connaissances nécessaires pour résoudre ces énigmes. Tu m’étonnes, je pense les designers de forfait eux-mêmes ont du mal à y voir clair, tellement les offres sont intriquées (un peu comme les traders et les subprimes en fait).

Me sont disponibles, dans le profil de consommation qui est le mien (consommateur moyen à gros avec des penchants geeks de plus en plus assumés) et la gamme correspondante donc, pas moins de trois types d’offres et une petite dizaine de forfaits : origami star, origami star spécial iPhone, et origami star spécial iPhone série limitée - chacun décliné en moults combinaisons d’heures/sms/internet illimités, compris ou non dans le forfait…

La frustration me gagne. « Je comprends pas pourquoi internet ne marche pas avec mon forfait alors que y’a pas de raison et apparemment ça marche chez d’autres personnes » et je vous épargne les politesses qui ponctuent cette restranscription.

Je me résous à bien vouloir changer de forfait. Visiblement, on peut estimer le surcoût de l’obtention du même nombre d’heures de communication dans les forfaits spéciaux iNidàemmerdes par rapport aux forfaits normaux à un bras et demi. Je vais donc devoir revoir à la baisse le contenu de mon forfait pour rester dans des coûts raisonnables. Le changement du forfait va intervenir à ma prochaine facture, ce qui signifie un petit mois de satus quo. Et je ne sais pas si le mois offert par mon inscription initiale sur internet - qui oblige néanmoins à retourner sous une semaine un contrat envoyé par Orange dûment rempli et accompagné d’un RIB, d’un chèque annulé parce que le prélèvement automatique ne marche pas le premier mois, mois qui est censé être offert vu qu’on a commandé sur internet - sera facturé ou pas.

C’était le moment consommateur en colère. Ou comment flinguer une relation client en une heure.


Pour en revenir aux vraies choses de la vie, une discussion assez inquiétante hier soir avec un copain spécialisé dans le recrutement de consultants informatiques pour les entreprises qui souhaitent remettre leur systèmes d’informations d’équerre. Il les recrute pour le compte du cabinet dans lequel il travaille, puis les propose aux clients qui donnent leur accord ou opposent leur veto. Il recherche des bons, sur un marché de l’emploi tendu - beaucoup de demandes, très peu d’offres - ce qui l’a mécaniquement conduit à recruter de plus en plus d’Indiens, de Sénégalais, de Marocains etc., une faune certes exotique mais performante.
Extraits de verbatim entendus lors des débriefs que lui font ses clients après présentation desdits candidats :
« vous comprenez, il ne correspond pas à la culture ‘X’ » (je vais essayer de m’éviter un procès en diffamation)
« les comme lui, on en a déjà assez »
Et mon préféré :
« je compte sur vous la prochaine fois hein, un bon Gaulois »

Ce qui prouve, au passage, qu’ils s’agit d’entrepreneurs de merde : quel critère plus contreproductif dans un recrutement que l’origine ? La simple rationalité économique voudrait qu’on ne discrimine pas un candidat sur son origine, mais bien qu’on le choisisse sur son expérience et ses compétences.
Doublement imbécile donc.

26 sept. 2008

Réclame


J’ai reçu récemment cet ouvrage :
Enfin un pendant made in France à un bouquin qui a marqué un certain nombre d’économistes en herbe : Freakonomics. Contraction de « Freak » (que l’on peut traduire, selon le contexte par « original » ou « phénomène de foire ») et de « Economics » (que l’on peut traduire, selon le contexte, par « art de bien administrer la maison » ou « art de se contredire tous les 6 mois sur des concepts de base avec un aplomb digne de BHL »).
J’incise ici : Freakonomics, sorti en 2005, est aujourd'hui le livre d’éco le plus lu aux Etats-Unis (on trouve ici une traduction tout ce qu’il y a de plus honnête en Français - un jugement qu’il m’est d’autant plus facile de porter que je ne l’ai pas lu en anglais). Aidé par un copain journaliste (Stephen Dubner), Steven Levitt (brillant allumé) y applique les principes d’économie à de nombreux champs d’application saugrenus (marché de la drogue, prénoms donnés aux enfants…), et en tire de géniales conclusions. Il parvient par exemple à démontrer que la baisse de la criminalité dans les années 1990 aux Etats-Unis n'est pas due aux nouvelles politiques de tolérance zéro ou à l'augmentation des effectifs policiers, mais simplement à la légalisation de l'avortement survenue en 1973 : moins d'enfants non désirés, donc - et il ne s'agit là que de statistiques - moins d'enfants mal éduqués, et moins de criminalité. Autre illustration du concept, Levitt explicite cet étrange phénomène qui fait que la plupart des dealers dans les gangs US habitent chez leur mère : loin de vouloir se planquer, c'est qu'en fait la structure des gains dans ces gangs est tellement pyramidale que les sous-fifres ne gagnent, sur ce marché, pas de quoi se payer une piaule (remarque ça a peut-être changé récemment cette histoire).
Le bouquin a été prolongé par un
blog prolixe, dont le seul défaut est d’être en anglais.

Mais trêve de détours : saluons le travail papier des Econoclastes. Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia, anciens de Normale Sup Cachan agrégés d’éco et de gestion, sont de cette même trempe d’économistes rigolos. C’est même à mon sens eux qui ont su rendre caduc cet oxymore. Ils ont lancé leur site il y a de cela 8 ans (peu de sites peuvent se targuer d’une telle ancienneté), leur blog il y a 4 ans. De vrais pionniers de la blogosphère économique, qui ont suscité moult vocations. Contrairement aux Freakonomists donc, ils ont eux commencé par un blog, puis concocté un chouette bouquin. Il est ,il est pas cher, et on l'aime même s’il y a une grosse faute sur la 4e de couv’.

Rien à voir, mais une expérience à la limite de l’anthropologie et de la sociologie m’a récemment rappelé que la dernière des classes sociales qui subsiste en France est la grande bourgeoisie.

Enfin, le petit scandale du quotidien, découvert dans le Canard Enchaîné, qui relaie une info du Point : les traders qui se sont fait virer comme des malpropres des lumineuses salles de marché de la City - après avoir été contraint et forcé de s’exiler parce que c’est vrai qu’en France on paie bien trop d’impôts et que là-bas tout le monde peut bosser il suffit de le vouloir et moi chuis un winner et je vous emm… - se carapatent la queue entre les jambes et viennent allègrement nous plomber les comptes de l’ANPE. Il leur suffit de retouner 3 burgers au McDo (ou d’effectuer n’importe quelle tâche rémunérée par Chèque Emploi Service) pour pouvoir prétendre sans scrupule aux allocations chômage. Oh trois fois rien, juste de quoi subsister : 57,4% de leur salaire outre Manche, plafonné à 6 400 euros mensuels, pendant 23 mois. Effectivement, il s’agit d’un plafond, pas d’un plancher. Mais pour la plupart des traders de Londres, 11 000 euros de salaire (£ 9000 à la louche), c’est – ou du moins c’était – un plancher, pas un plafond.

Une telle absence de conscience citoyenne - pour ne pas dire morale - me laisse coi.

18 sept. 2008

Tout vient à point...

Chez Gallup les courbes d'Obama et McCain se sont recroisées il y a 4 jours et hier Obama prenait 4 points à son rival (et son pitbull de compagnie).
A la faveur de la plus grande crise financière depuis 1929 (selon Alan Greenspan, ancien directeur de la FED, qui d'ailleurs n'est pas forcément pour rien dans la création de la bulle des subprimes), les démocrates ont-ils finalement su trouver la réponse, tourner le cycle médiatique à leur avantage ? Leur dernière publicité témoigne en tout cas de leur volonté d'en découdre :



A la serpe, voila le message : John McCain a admis lui même ne pas comprendre l'économie "aussi bien qu'il devrait", alors qui le conseille ? une patronne golden parachutée, un sénateur qui critique les Américains parce qu'ils font rien qu'à se plaindre et un futur ex-président qui restera dans les annales au côté d'Herbert Hoover tellement c'est pas possible d'être nul à ce point.

They think the economy is "fundamentally strong", we know they are fundamentally wrong
"Ils pensent que les fondamentaux de l'économie sont forts, nous savons qu'ils ont fondamentalement tort" (désolé pour la traduction)

Bref, trop tôt pour dire si le vent a tourné, mais les démocrates retrouvent leurs fondamentaux : It's the economy, stupid !

Contre-intuitivités

Billet rapide pour ne pas laisser ce blog en friche plus longtemps.

D’autant plus qu’il s’en passe, des choses. En vrac :

La crise financière internationale se poursuit. C’est grave. Je perds énormément d’argent, ce qui l’est encore plus ;-) Bref j’aurais du écouter Econoclaste.

Le film de Daniel Leconte sur Charlie Hebdo et l'affaire des caricatures de Mahomet est sorti. J’avais pour ma part ressenti un léger malaise en en découvrant la bande annonce dans les salles il y a de cela un mois : du vrai travail de pubard sur un sujet fondamental, mais surtout dans un contexte de Sinégate. Aujourd'hui, je me range complètement à l’analyse de Philippe Bilger et ce sans même avoir vu le film :-). Quant à Siné Hebdo, il gonfle désormais ma liste d'achats de presse du mercredi matin.

Outre Atlantique le momentum a changé de camp. L’équipe de campagne d’Obama n’a pas su, il me semble, contrecarrer l’effet Palin. Effet Palin qu’on pourrait avoir du mal à comprendre, compte tenu de son incompétence et de la quantité assez astronomique de casseroles qu'elle traîne. Mais c’est là toute la cruauté beauté de la politique selon Karl Rove, le revenant à qui Bush fils doit tout : prendre les plus grandes faiblesses de son candidat et les transformer en forces, sans oublier d’accuser l’adversaire de ces mêmes faiblesses. A voir : David Plouffe, directeur de la campagne d’Obama, nous explique comment il compte gagner. Autrement moins convaincant pour la base, à mon avis, que le briefing stratégique de McCain il y a quatre mois et demi.

Pour finir, une étude nous explique que pour avoir moins d’embouteillages, il faut fermer des routes. Explication : l’automobiliste cherche à rationaliser son trajet, et chacun des conducteurs arbitre pour ce faire entre durée et distance du trajet. Du coup, à grande échelle, l’équilibre sous-optimal le foutoir. Et conclusion (Dati-style) des auteurs : en supprimant certaines possibilités de choix pour les automobilistes – c'est-à-dire en réglementant mieux le marché de la circulation ? – on obtient, dans le modèle, une circulation plus fluide.

Visiblement, en Corée du Nord, ils n'ont pas ce genre de problèmes.

ps : pour éviter les arbitrages compliqués qu'ont à faire les votants américains sur qui incarne le mieux le changement et qui a le plus d'expérience, je propose donc que l'on supprime la possibilité de voter pour McCain/Palin. Qui a dit que c'était compliqué, la théorie des jeux ?

9 sept. 2008

(F)utile

Mais pas trop j'espère.

J'ai créé une page publique netvibes. Netvibes est ce que l'on appelle communément un agrégateur de flux rss - ce qui permet plus concrètement de suivre en temps réel ou presque les publications faites sur ses sites/blogs préférés. Ces derniers sont regroupés par catégorie (du moins autant que faire se peut) : un onglet par type de sujet.

Bref, vous pouvez accéder et vous familiariser avec l'outil, si bon vous semble, ici :
http://www.netvibes.com/piedaterre

Vous remarquerez le cas échéant que le premier onglet, éponyme du présent blog, regroupe à la fois le flux qui peut permettre de suivre ce dernier mais aussi les pages internet qu'il m'a paru intéressant de vous signaler, via del.icio.us, comme dans la colonne de droite (on n'arrête pas le progrès) .

8 sept. 2008

The odd choice

Gov. Sarah Palin of Alaska complète le ticket républicain.

Personnalité hors norme, elle constitue à mes yeux l’un des plus beaux paris politiques de cette campagne. Ce qui n’exclut pas l’expertise – comme disait le maître (Phil Elmut) :
Poker is 100% skill and 50% luck

Premier acte : convention démocrate éclipsée

L’annonce du ticket, pour commencer. A la toute fin d’une convention démocrate qualifiée par tous d’ « historique », où Obama, pour son discours d’investiture, avait été regardé 38 millions d’Américains, les républicains choisissent Sarah Palin, gouverneur d’Alaska, pour succéder à John McCain.
Rupture du cycle d’information : la convention démocrate passe au second plan, l’attention portée à Sarah Palin devient logiquement inversement proportionnelle à la connaissance que l’on a d’elle.


Deuxième acte : convention républicaine maîtrisée

Sarah Palin est la star de la convention. Des femmes de tous horizons, qui ne la connaissaient pas quelques jours auparavant, l’appellent par son seul prénom. Attachement et projection soudains pour cette femme valeureuse. Une affaire (la grossesse de sa fille), potentiellement matière à controverse (les démocrates, et c’est peut-être là un de leurs plus grands mérites, n’ont pas pour habitude d’attaquer leurs adversaires sur leur vie privée), qui trouve une indulgence rarement éprouvée en de telles circonstances.
Et John McCain, éternel maverick, sort un discours d’anthologie, qui sera regardé par 39 millions – la guerre des chiffres fait rage (Sarah Palin avait fait jeu égal avec Obama). Discours qui retrouve les fondamentaux républicains (marre de ce gouvernement fédéral qui prétend savoir mieux dépenser que vous-même) et les siens (je ne me laisse guider ma conduite par personne et je suis un homme de parole). Discours sobre, sur fond uni : laisser l’expérience parler.
Mais discours qui amorce aussi un virage majeur – plagiat diraient certains – dans la campagne républicaine : le changement.


Troisième acte : spins en tous genres


De toutes façons, et c’est Obama McCain moi qui vous le dit, ça va changer :
  • Soit les Américains (ou du moins leurs grands électeurs) élisent Obama, et je vous raconte pas : un métis Noir Président, qui veut donner des médicaments à tout le monde et ramener à la raison – grâce à l’expérience en matière internationale de son colistier – tous les dictateurs du monde, on n’en croise pas tous les jours
  • Soit les Américains élisent McCain, et attention : encore moins de prélèvements, encore moins de services assurés par l’État fédéral…Mais aussi moins d’influence des lobbies à Washington (sic) et surtout, la deuxième femme en mesure d’emporter la vice-présidence.

Et quelle femme donc : quel pari ! Elle consolide la base ultra-conservatrice, aucun doute possible (membre à vie de la NRA, farouche opposante à l’avortement). Mais elle est censée appâter les déçues de l’échec d’Hilary ; ce qui paraît hautement improbable, compte tenu de leurs positions diamétralement opposées en matière de women issues, et de son implication croissante dans la campagne de son exemple meilleur ennemi. Elle doit aussi attirer les indépendantes, mais gageons que les indépendantes prendront leur décision sur le haut du ticket (McCain/Obama) plutôt que sur le bas (Palin/Biden).

Deux paris particulièrement risqués, en somme. Le premier : s’aliéner les électeurs qui voyaient en McCain un franc-tireur, capable de dépasser les clivages partisans, d’autant plus que son discours d’investiture (ouverture plein pot) semble avoir peu convaincu.
Le second, et on serait tenté de dire le plus conséquent : celui de placer Sarah Palin, objectivement peu expérimentée, que McCain avait rencontrée deux fois avant de la choisir, et dont le parcours n’a pas été correctement évalué par ses responsables de campagne, en position d’éventuelle Commander in chief (si jamais McCain, élu, en venait à ne plus pouvoir assumer sa fonction – ce qui relève du domaine du possible pour tout Président, a fortiori pour McCain).

Enfin, pari risqué ne se fait sans brouiller les pistes : l’expérience des candidats, pendant la soixantaine de jours restante, a fini d’être un argument de campagne pour les républicains. A voir si les démocrates en joueront.
Les républicains jouent en revanche la carte de l’outsider sur le changement. A voir si cet argument saura permettre la nécessaire – pour les républicaines s’entend – jonction entre conservateurs et indépendants. Et ce changement, une fois encore, et des deux côtés, quel est-il ?

Ce soir Gallup met McCain 5 points devant en sondage national (ce qui ne permet aucune projection aux Etats-Unis, étant donné le mode de scrutin, mais marque néanmoins des tendances). Les démocrates prenaient 8 points aux républicains à la fin de leur convention. Alors, « effet convention » ou pari gagné ?

7 sept. 2008

Dimanche soir

Nous sommes dimanche soir,
Et un billet d'éco qui fait rire, ça se signale.
Ma femme est une économiste (et moi aussi) revoit l'ISF tout en finesse.

Quant à moi j'ai revu la blogroll. cf. titre

5 sept. 2008

Le billet auquel vous avez failli échapper

Vous connaissez certainement la page 16 de Charlie Hebdo, celle qui recense « Les couvertures auxquelles vous avez échappé », parmi lesquelles se trouvent généralement les meilleurs dessins du canard – j'ai un faible pour Luz’ et Jul, qui mêlent finesse et humour brutasse comme personne, sans oublier Riad Sattouf, qui nous met chaque semaine des petites merveilles en page 2. Mais trêve de considérations dessinatoires, d’autant que je n’entrave à peu près rien à l’art en question.

Ce qui m’amène à vous délecter une fois de plus de ma modeste prose est cette colonne, sorte de « minimare », que l’on trouve au milieu de cette fameuse page 16, et où s’enchaînent des vannes calées sur le même ton que les dessins jouxtant. J’avais lu, mais ne sais plus où (la seule source cybernétique que je retrouve ne me satisfaisant qu’à moitié, je vais prendre des pincettes, voire des grosses pinces) que ces brèves sont rédigées par le directeur de la rédaction himself, le sieur Val. Je ne m’attarde pas sur le bonhomme, à chacun d’en penser ce qu’il veut.

Cette semaine pourtant, la cinquième brève m’accroche l’œil. Sous l’intitulé « Déprime », on lit « 25% des femmes ont tenté de se suicider au Groënland. Il faut dire que pendant six mois de l’année, impossible de faire les soldes, les magasins sont fermés ».
Légère contraction zygomaticale, mais le diaphragme reste coi. Pas hyper marrant.

Mais c’est en fait et surtout bien plus que cela. Il s’agit d’une vanne qui utilise the gros poncif bien éculé sur les femmes. Bon, en toute franchise (mais comment pourrait-il en être autrement) et en temps normal, ce type d’humour, bien manipulé, je suis preneur.

Après – ou avant, d’ailleurs – tout, la qualité de l’humour résulte en grande partie de l’intention qui le motive. Une blague sur les Juifs par Le Pen, on rigole pas. Une blague sur les Juifs par Desproges, on rigole.
Et une blague sur les femmes par Val, on rigole ou pas ? Oui, si elle est bonne – je n’imagine pas le bonhomme misogyne.

Mais on s'interroge, quand même – on y vient –, surtout lorsqu’il écrit, quelques semaines auparavant, dans un édito consacré au Sinégate :

En ce qui me concerne, la liberté d’expression est au service de la liberté tout court. À l’« époque bénie » de la jeunesse de Siné où l’on pouvait tout dire, c’est-à-dire il y a une quarantaine d’années, on avait la liberté de proférer des insultes machistes, antisémites et homophobes. Quelle belle liberté ! À la même époque, ce qui se pratiquait en paroles se pratiquait aussi en actes. Les femmes n’avaient droit ni à la contraception ni à l’avortement, les homosexuels se faisaient casser la gueule par des brutes toujours impunies, et de nombreux Juifs cachaient qu’ils l’étaient pour échapper aux préjugés racistes. C’est-à-dire qu’à la liberté de quelques grandes gueules à éructer leur haine correspondait l’aliénation de la moitié de la population, les femmes, à quoi s’ajoutaient l’aliénation des Juifs, des homosexuels et des Arabes, qui subissaient sans protections légales toutes les rancœurs liées à la décolonisation et à l’immigration. Qu’est-ce donc que cette liberté paradoxale dont le prix est l’absence de liberté des autres ?

(texte intégral que je n'ai retrouvé qu'ici).


Effectivement, auparavant fut un temps jadis où dans le passé on avait effectivement la liberté de proférer un sacré paquet d’inepties et de saloperies. Mais on avait aussi le droit d’en rigoler. Une fois encore, pour moi, c’est l’intention qui compte.
Quand Val – si c’est bien Val – écrit que les femmes tentent de se suicider parce qu’elles ne peuvent faire les soldes, je trouve la blague moyenne mais je ne lui fait pas de procès en misogynie.

PS : Ces quelques lignes ont été rédigées hier soir. Ce matin (lien pas encore disponible) le chroniqueur que le susnommé devient sur France Inter tous les vendredis pourfend internet, cause de :
- La désinformation du citoyen
- La mise à sac de la vie privée
- La fin du journalisme de qualité
- La mort du petit cheval

On dirait du Nadine Morano. Mais franchement, quand le petit Louis est retrouvé mort à 20h sur TF1, quand Pascal Sevran décède prématurément, ou quand le Monde nous balance des photos légèrement postdatées, c’est la faute de mon blog ?

Je vous conseille Narvic sur la question.

3 sept. 2008

Battre sa coulpe

Merci tout d’abord à mes premiers lecteurs pour leurs critiques constructives. Je confesse l’étendue de ma consternation devant l’aversion qu’oppose l’internaute à cliquer sur 213 liens anglophonisants pour déchiffrer péniblement le quart du contenu d’un billet sans thèse de fond, mais soit, j’en prends acte, et tâcherai dorénavant de m’abaisser à son niveau.

Plus sérieusement, je retiens de ces conseils amicaux attaques infondées de précieuses leçons (que je me garderai précautionneusement d’énoncer).

Un dîner à la bougie entre amis (attention un oxymore, ou une ambiguïté, c’est selon, s’est glissé(e) dans ce début de phrase ; non, c’est bien EDF qui a coupé le courant) recadre toujours bien les débats :
« Il est bien gentil ton Obama (avec lequel tu nous soûles depuis plus d’un an…) mais il est pas non plus hyper rassurant…sur des sujets mineurs, certes : Israël, la politique énergétique, les flingues, mais on a vu plus radical comme Democrat »

Outrepassée la mauvaise foi inhérente de mes réponses à ce genre de commentaires, je suis bien obligé de me coucher : effectivement, Obama n’est pas un violent. Sur de tels sujets, il déçoit les radical-leftist (que nous sommes, vu d’outre Atlantique du moins, et dans lesquels je m’inclus).

Stratégie électorale ou bayrouïte aiguë ?
Difficile en effet de se faire élire autrement qu’en s’alignant sur l’opinion d’une très large majorité de ses « fellow Americans » sur ces sujets. Mais alors, quelle profondeur pour le changement ?

« Change we can believe in »

« Le changement dans lequel on peut croire » : traduction minable, j’en conviens, du slogan de la campagne d’Obama, peut à mes yeux être interprété de deux manières différentes :

  • Le changement qu’il est possible d’accomplir, en termes réalistes
  • Le changement en lequel il faut avoir foi

Un difficile articulation qui, me semble-t-il, hante et heurte la campagne d’Obama : il doit à la fois prouver qu’il sera un Commander in Chief pragmatique, capable et compétent selon les codes US traditionnels (ce qui est acquis du côté McCain), mais doit porter, avec un incroyable talent d’orateur, à la parole quasi mystique, ce qui constitue sa marque de fabrique : un message nouveau – tellement nouveau sur certains questions qu’il perçu par beaucoup comme presque hérétique.

Je pense que la synthèse peut être réalisée. Le discours de Philadelphie constituait le début de la réconciliation de ces deux approches. Obama doit maintenant prouver qu’en restant réaliste on peut faire des choses qui relèvent, à l’heure actuelle, de l’inconcevable.

C’est son destin.

1 sept. 2008

Coup d'essai

Ouverture de ce blog, dans des conditions quelque peu chaotiques. Mais jetons-nous à l’eau ; ce blog ne prétendra ni à l’excellence ni aux firmaments blogoshériques vachement pertinents – mais essaiera néanmoins de se démarquer des 17 millions de concentrés de kikoo lol (bientôt 18 d'ailleurs).

Sur le chemin du retour, Jean-Nono (puisse-t-il me pardonner de l’avoir affublé de ce sobriquet, malheureux mais symbolique de l’affection portée), nous gratifie comme à son habitude d’une émission relativement géniale.
Où l’on découvre à quel point les divergences d’interprétation de textes somme toute insignifiants nous donne quelques siècles plus tard des chiffres qui font peur à voir – même si la question recèle de quelques autres ressorts inattendus.

Pire que la Cité de Dieu ? West Baltimore.

Même si – attention ça va militer dur sur ce blog – tout ça c’est encore la faute à Bush qui fait rien qu’à nommer des sales conservateurs à la Cour Suprême (sans oublier de prendre des positions pour le moins surprenantes ensuite), Moïse lui-même hésite à se mouiller.
Et en face, same ol' same, on semble toujours aussi à l'aise sur la question.

Pour autant, les éminents spécialistes de la politique US, ceux qui privilégient l’information brute, les analyses impartiales et le sérieux avant tout, au nombre desquels, cela va de soi, je me compte, vous le diront : you can’t find a more loose/loose issue.

Bref, que faire : espérer qu’avec un peu de chance il y ait du coaching à faire au cours des 4 (ou 8, soyons fous) prochaines années, mais d’abord se faire élire, for Christ’s sake !!!

ps : beaucoup de liens dans ce premier billet, ça sent la facilité. Je vais tâcher de moins recycler (merci versac de twitter soit dit en passant) et plus produire.