3 sept. 2008

Battre sa coulpe

Merci tout d’abord à mes premiers lecteurs pour leurs critiques constructives. Je confesse l’étendue de ma consternation devant l’aversion qu’oppose l’internaute à cliquer sur 213 liens anglophonisants pour déchiffrer péniblement le quart du contenu d’un billet sans thèse de fond, mais soit, j’en prends acte, et tâcherai dorénavant de m’abaisser à son niveau.

Plus sérieusement, je retiens de ces conseils amicaux attaques infondées de précieuses leçons (que je me garderai précautionneusement d’énoncer).

Un dîner à la bougie entre amis (attention un oxymore, ou une ambiguïté, c’est selon, s’est glissé(e) dans ce début de phrase ; non, c’est bien EDF qui a coupé le courant) recadre toujours bien les débats :
« Il est bien gentil ton Obama (avec lequel tu nous soûles depuis plus d’un an…) mais il est pas non plus hyper rassurant…sur des sujets mineurs, certes : Israël, la politique énergétique, les flingues, mais on a vu plus radical comme Democrat »

Outrepassée la mauvaise foi inhérente de mes réponses à ce genre de commentaires, je suis bien obligé de me coucher : effectivement, Obama n’est pas un violent. Sur de tels sujets, il déçoit les radical-leftist (que nous sommes, vu d’outre Atlantique du moins, et dans lesquels je m’inclus).

Stratégie électorale ou bayrouïte aiguë ?
Difficile en effet de se faire élire autrement qu’en s’alignant sur l’opinion d’une très large majorité de ses « fellow Americans » sur ces sujets. Mais alors, quelle profondeur pour le changement ?

« Change we can believe in »

« Le changement dans lequel on peut croire » : traduction minable, j’en conviens, du slogan de la campagne d’Obama, peut à mes yeux être interprété de deux manières différentes :

  • Le changement qu’il est possible d’accomplir, en termes réalistes
  • Le changement en lequel il faut avoir foi

Un difficile articulation qui, me semble-t-il, hante et heurte la campagne d’Obama : il doit à la fois prouver qu’il sera un Commander in Chief pragmatique, capable et compétent selon les codes US traditionnels (ce qui est acquis du côté McCain), mais doit porter, avec un incroyable talent d’orateur, à la parole quasi mystique, ce qui constitue sa marque de fabrique : un message nouveau – tellement nouveau sur certains questions qu’il perçu par beaucoup comme presque hérétique.

Je pense que la synthèse peut être réalisée. Le discours de Philadelphie constituait le début de la réconciliation de ces deux approches. Obama doit maintenant prouver qu’en restant réaliste on peut faire des choses qui relèvent, à l’heure actuelle, de l’inconcevable.

C’est son destin.

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