27 oct. 2008

Petit retour sur la campagne électorale américaine

Pas un sondage qui n’indique une victoire confortable d’Obama si l’élection avait lieu aujourd'hui. Comment pourrait-il en être autrement ?

Je ne m’étendrai pas sur la possibilité d’un « effet Bradley », en laquelle je crois peu (l’existence d’un effet Bradley inversé étant tout autant possible) ; les vrais risques pour les démocrates se trouvent ailleurs, à mon sens :
- Un effet « underdog » (outsider) pour McCain
- Une démobilisation d’électeurs indépendants/démocrates qui pensent que l’élection est pliée
- Mais surtout, surtout, un évènement extérieur qui vienne déstabiliser l’équilibre actuel des motivations du vote

Aujourd'hui l’économie a relégué la guerre d’Irak et le terrorisme au second plan. Mais souvenons nous : en 2004, 4 jours avant l’élection, Al Jazeera diffuse une vidéo d'Oussama Ben Laden menaçant les Etats-Unis de nouveaux attentats. S’il est impossible de déterminer le poids réel de cette vidéo dans la victoire de « W », nul doute qu’en instillant cette menace Ben Laden a, dans la dernière ligne droite, imposé son tempo et ramené nombre d’électeurs dans le camp républicain, perçu comme mieux à même de combattre les terroristes. Selon de nombreux analystes, c’était d’ailleurs son objectif : quoi de mieux pour un terroriste en quête de recrutement qu’un adversaire comme George Bush Jr. ?

Sur des forums de discussion djihadistes certains ne s’en cachent d’ailleurs pas : ils souhaitent ouvertement l’élection de McCain, plus capable selon eux rassembler contre les Etats-Unis. Entendons-nous bien : je ne fais pas de la préférence de certains terroristes pour McCain un argument pour Obama per se. Je note juste qu’Al Quaeda et consorts ont eux aussi une stratégie électorale, et qu’il n’est pas exclue qu’ils y aient recours en 2008.

Pour autant, une nouvelle vidéo de Ben Laden suffirait-elle à faire passer McCain devant ? J’en doute fort. Je pense qu’en 4 ans les électeurs américains ont appris, et qu’ils ne souhaitent plus se faire dicter leur vote par la peur. Je pense en outre qu’Obama a acquis les galons (et les soutiens) suffisants pour apparaître comme un Commander in Chief capable de faire face aux grands enjeux internationaux dans un contexte anxiogène ; c’est d’ailleurs là sa force (et sa grande prise de risque) : susciter l’espoir là où son adversaire joue sur la peur.

Bref, j’ai peine à voir ce qui empêcherait à ce stade Obama d’être élu le 4 novembre. Et c’est bien ce qui m’inquiète : ce consensus. Pas seulement dans la presse française (comme le dit Narvic, si Obama est élu : "On vous l'avait bien dit !" et si McCain est élu : "La formidable surprise !"), mais surtout dans la presse US. Effectivement, ça part en vrille dans le staff de campagne de McCain, les scandales se succèdent (150 000 $ de fringues pour qui se prétend représenter les classes moyennes, c’est pas mal. En même temps, chez nous c’est moitié moins, mais en maquillage)… Mais c’est sur cette base que les républicains aiment à rebondir, toujours. De la bouche de McCain lui-même :

We've got them just where we want them !

Tout de même, j’avoue ne pas croire à une défaite d’Obama. Et c’est peut-être ça qui m’inquiète le plus ;-)

23 oct. 2008

Tant que j'y suis

Je viens de me rendre compte de mes dons en matière de pronostic : j'avais mis une vidéo de Krugman une semaine (à la louche) avant qu'il n'obtienne la médaille John Bates Clark, soit le Prix Nobel d'économie !

Si d'aventure certains souhaitent des lectures de paumes de main ou de marc de café, promis pour vous je fais pas cher.

Les temps sont durs…

Je suis en « code rouge », ce qui explique la présente rareté de mes billets.

Je voudrais néanmoins vous faire part d’un phénomène que assez spectaculaire : la transformation d’un blog (d’une exquise qualité), celui de Maître Eolas – à qui j’ai d’ailleurs grossièrement emprunté la terminologie en codes –, en vrai media.

Les magistrats sont en colère, et ils le montrent, ce qui est rare.
Les media « traditionnels » n’ont pas senti monter leur colère : la politique de Rachida Dati est autrement moins couverte que ne le sont sa grossesse ou sa garde robe.

Les magistrats sont en état d’ébullition, pour de bonnes raisons. Et si aujourd'hui ils s’expriment dans la rue, ils s’exprimaient hier sur le blog de Maître Eolas.

Car ils ne pouvaient s’exprimer ailleurs. Personne, hormis Pascale Robert-Diard (ou Dominique Simonnot, dans un autre genre) n’a me semble-t-il relayé cette colère à sa juste mesure.

Pour plus de contenu sur le sujet rendez-vous chez Novövision, comme d’habitude impérial sur le sujet.

A bientôt

9 oct. 2008

Ca va faire mal

Si je ne m'attardais pas trop sur la crise, c'était simplement pour faire mon intéressant. En effet la plupart des économistes auxquels j'ai coutume de me fier restent pour le moins prudent, voire admettent qu'ils n'y comprennent rien. Krugman lui-même ne sait pas ce qu'il faudrait faire, c'est dire :





On note au passage que Krugman développe ses propres indicateurs sur les fondamentaux, en toute rigueur statistique : il a rencontré un entrepreneur qui n'arrivait plus à emprunter d'argent auprès de sa banque. Je rigole, mais en ces temps obscurs je pense que ces signaux faibles sont particulièrement révélateurs. J'ai entendu parler hier d'un couple qui veut acheter une maison à 400 000 euros, avec 300 000 euros d'apport, et qui n'arrive pas à trouver les 100 000 euros restants. Une vraie preuve de la panique frilosité des banques.

Néanmoins, pour ne pas renoncer à la théorie et sombrer dans le fait divers, je vous conseille ce billet sur Telos.


Seule posture à tenir dans cette conjoncture, à mon humble avis (c'est ma première crise je suis novice) : faire le dos rond. Pour ceux qui ont un boulot, ne chercher à en changer que très prudemment. Ne surtout pas vendre ses actifs (mobiliers ou immobilliers), mais épargner autant que faire se peut pour faire des affaires le moment venu, quand les actions seront fondamentalement sousestimées (c'est pour demain), le crédit bradé (pour dans 6 mois-1 an) et l'immobilier soldé (3-4 ans).


ps: il est bien entendu que je supprimerai comme de raison ce billet si d'aventure je me suis lamentablement fourvoyé dans mes prévisions

8 oct. 2008

Ligne 3

Il se faufile entre les portes alors que retentit la sirène de départ, froide comme un cor de chasse, broyant consciencieusement les tympans des usagers.

Allez, encore un qui va nous brailler sa prétendue misère, tenter de faire pleurer sous les écouteurs pour nous taper une clope, un pièce, voire même – j’en ai vu, les prétentieux – un ticket restau

Lui, je le sens bien – pause

Il va brailler tellement fort que je ne pourrai même pas continuer de lire sans rien n’y comprendre

Bon orateur, le type

Bizarre, il parle bien. Etonnament bien si l’on en juge par son look. Comment peut-on s’infliger ça de son plein gré ? Des bouts de bois et de métal pauvre dans tout ce qui dépasse : oreilles, nez, lèvres, sourcils. Et encore, pour ce qu’on voit

Jolies pompes. Le reste des sapes n’est pas mal non plus, remarque. Ça me rappelle ma seconde, l’époque bénie des pantalons baggy, chaussures de skate et sweat à capuche avec le nom d’un obscur groupe de ska-ponque écrit dans le dos

Il est propre, pas si mal habillé – enfin selon leurs canons s’entend -, et il met des propositions subordonnées conjonctives dans ses phrases… Un branleur de plus qui passe soirées et week-ends à faire la manche à Bastille pour s’acheter sa bière, ses clopes et le reste ; et quand c’est vraiment la dèche, il rentre chez papa-maman dans le 15e, ses parents qui s’efforcent de lui passer un soufflon, s’évertuent à le convaincre de bosser un tant soi peu ou d’au moins finir sa licence, mais ploient finalement sous l’ampleur de la tâche et l’incommensurable inertie de leur fils

Soit il s’est fait débarquer il y a peu, soit il est vraiment bon. Discours pesé, intelligent, ce qu’il faut de démagogie pour le public ambiant, sans pour autant susciter la commisération ou l’apathie. Bref, il sait s’y prendre. J’ai de la thune au fait, moi ?

Bon il parle bien mais il ne dit que des conneries. Comment avoir la moindre once d’empathie pour ces mecs ? Il va récolter 20 pauvres centimes, tant pis, peut-être qu’à force il va se lasser, et qu’il finira par aller bosser chez McDo, en se disant qu’il aurait mieux fait de les finir, ces études à la con

Il est à l’autre bout du wagon et c’est l’heure du bilan. Belle entame, une malboro rouge. Pas chassé pour saisir quelques pièces d’or nordique, grâcieux étirement pour faire siennes deux bicolores. Du grand art. Une jeune cadre dynamique sort un ticket restau. Pratiquement du jamais vu

Merde mais c’est qu’il ramasse le branleur

Du coup j’hésite…Bah arrête de penser


Il se faufile entre les portes alors que retentit la sirène de départ, chaude comme une corne de brume, enjoignant gaiement les passagers au voyage.

Croisement des regards.
Jeune con

Vieux con

3 oct. 2008

Rions un peu

Avec Jérôme Chartier, député UMP
Je n’aime pas parler de récession, je préfère parler de croissance négative

C'est la fin du monde et j'adore quand journalistes et hommes politiques s'écharpent sur les mots et leur bon usage.

On joue ?
Je n'aime pas parler de défaite, je préfère parler de victoire négative

A vous...


ps : Rions aussi jaune avec Orange